Ethnies minoritaires au Vietnam : une génération sacrifiée
Depuis plus de quarante ans, les ethnies minoritaires des hauts plateaux du centre du Vietnam sont les victimes collatérales de la politique mise en place par un gouvernement communiste qui ne les a jamais prises en compte.
Depuis la guerre d'indépendance, puis la guerre civile et enfin la mise en place du collectivisme en 1975, leur habitat naturel, la jungle, a été totalement détruit et leur façon de vivre a radicalement changé. Coutumiers d'une agriculture raisonnée et circulaire, ils n'ont d'abord plus eu pour subsister qu'un are ou un hectare de terre. Le rendement est devenu la nouvelle loi qui régissait toutes les structures agricoles.
Viendra par la suite le Doi Moi (le "renouveau" en vietnamien) qui ouvrira l'économie nationale et l'agriculture à la logique du marché tout en conservant les principes idéologiques du communisme. Les ethnies sont alors confrontées à un "envahisseur intérieur" : les Kinhs (l’ethnie majoritaire du Vietnam) qui rachètent les terres les plus fertiles. Les Jaraïs, Sedangs, Banars ou Êdes se retrouvent, eux, propriétaires de terres infertiles ou arides.
Près de deux générations ont passé. Les familles se sont multipliées. La crise de l'emploi aujourd'hui interdit toute tentative de reconversion. Les minorités sont condamnées à vivre de l'agriculture et à devoir nourrir entre 3 et 7 foyers avec un are de terre.
Par le passé, les minorités ont tenté de se révolter, la rébellion a été matée dans la violence par la gouvernement. Depuis, ils se savent condamnés à l'indigence. "Pourtant, lorsque les éléphants ont attaqué l'homme quand leur milieu naturel a été détruit, on ne les a pas tués, on a au contraire tenté de les sauver !" remarque un observateur local.